L’après-COVID : vers une autonomie alimentaire?

L’après-COVID : vers une autonomie alimentaire?

S’il y avait une seule leçon à retenir de la crise de la Covid19, ce serait celle-ci : nous devons changer notre manière de consommer et de nous alimenter. 

En effet, la pandémie est le résultat de notre mode de vie axé sur le libre échange : d’après les propos de François Audet, spécialiste de l’humanitaire, le virus s’est répandu à la vitesse de la mondialisation. Cette crise sanitaire aura fait émerger deux problématiques : d’une part, les conséquences désastreuses de la mondialisation sur l’environnement et l’état sanitaire mondial, et d’autre part les limites de cette dernière quand il est question de la gestion d’une crise mondiale. Comment repenser alors notre système de consommation ? En favorisant des transactions plus locales et une alimentation végétale et de saison, pour se tourner vers l’autosuffisance alimentaire. 

Le commerce mondialisé de l’alimentation : ses conséquences néfastes et ses limites

Le libre-échange au cœur de notre épicerie

Faire ses courses en étant attentif à la provenance des fruits et légumes nous en apprend long sur le commerce de l’alimentation au Québec : la plupart des aliments viennent du Mexique ou des Etats-Unis, et c’est d’ailleurs pour cette raison que l’on se retrouve à manger des fraises et des tomates en plein hiver québécois… Ainsi, la région se nourrit d’aliments importés de l’étranger, et les agriculteurs se concentrent sur des productions vouées à l’exportation comme celle du porc ou du sirop d’érable. A tout cela s’ajoutent les 16 000 travailleurs agricoles saisonniers qui arrivent chaque année du Mexique et du Guatemala.

Dépendances et pénuries pendant les crises mondiales

Il est évident que les longs transports de marchandise ont un impact néfaste sur la planète, car ils rejettent d’énormes quantités de gaz à effet de serre et polluent les eaux. Récemment, la pandémie de Covid19 que nous venons de traverser a permis de mettre en lumière d’autres problèmes causés par ce système : la plupart des pays, en cas de crise mondiale, se retrouvent sans ressource pour leur population. Au début des années 1990, le taux d’autosuffisance alimentaire du Québec était près de 80 %, aujourd’hui il est de 35 % ! Lorsque les frontières sont fermées, la région se retrouve non seulement dans l’incapacité d’importer toutes les denrées habituelles, mais aussi dépourvue des travailleurs étrangers attendus pour les récoltes. Ces derniers constituent une main d’œuvre importante et peu chère pour les agriculteurs québécois, ce qui garantit donc des fruits et légumes en quantités importantes à des prix bas en épicerie. 

Finalement, ce n’est donc pas tellement le rude hiver québécois qui porte préjudice à l’agriculture locale, mais plutôt le système fragile de la mondialisation et ses limites… 

 

L’alimentation végétale : vers une autosuffisance alimentaire

Une leçon importante à tirer de la crise de la Covid19 serait donc de disposer de plus d’autonomie alimentaire, et pour cela se diriger vers une alimentation plus locale et végétale.

Privilégier les producteurs locaux

Pendant le confinement, les petits producteurs ont été très soutenus et plusieurs d’entre eux ont bénéficié d’une hausse de 60 % des abonnements à leurs paniers de légumes, comme par exemple les Jardins du Village, une ferme de la région de la Gaspésie. Morale de l’histoire : en tant que consommateurs, nous avons un rôle important à jouer ! En dépensant notre argent auprès des agriculteurs locaux plutôt que dans les supermarchés, nous participons à une économie locale, raisonnée, plus saine pour la planète, pour notre corps et pour les animaux : nous évitons d’importer de la marchandise qui vient de l’autre bout du monde, nous ne participons pas à l’horreur des élevages d’animaux en masse et des abattoirs, nous privilégions une alimentation basée sur les fruits et légumes biologiques… Il ne reste plus qu’à s’y mettre ! 

Comment faire face à l’hiver québécois ?

De plus en plus d’innovations ont vu le jour ces dernières années pour cultiver en serre durant les quatre saisons de l’année au Québec : les Serres Demers de Saint-Nicolas par exemple fonctionnent avec un nouveau système de chauffage basé sur la biomasse résiduelle forestière pour faire pousser des tomates ; les Serres Toundra quant à elle produisent des concombres grâce à une toute nouvelle méthode de recyclage des émissions de CO2 de l’usine voisine.

Comment mettre la main à la pâte ?

À plus petite échelle, il est nécessaire de valoriser les potagers individuels ou participatifs. En effet, de plus en plus de quartiers voient se développer des potagers entretenus par les habitants et destinés à leur consommation : à Montréal, les jardins communautaires ont un succès grandissant. Créant un lien avec la nature ainsi qu’un lien social au sein d’un même arrondissement, ces projets sont les précurseurs d’une transition écologique et sociale. 

Quant au rêve de la totale autonomie alimentaire, c’est possible, comme l’ont prouvé Robin LeBlanc et Rebecca Huot dans leur ferme du Nouveau-Brunswick, où ils sont capables de faire leur épicerie au complet. Cela nécessite juste un bon apprentissage des techniques de permaculture ainsi que quelques astuces pour avoir des réserves pendant tout l’hiver québécois. De nombreux fruits et légumes sont cultivables pendant l’été dans la région : les sites des semenciers du Québec comme celui des Jardins de l’écoumène répertorient toutes les variétés que vous pouvez planter. Aussi, il est important de maîtriser les méthodes de déshydratation et de lacto-fermentation. En bref, bien se préparer avant de commencer, et surtout réaliser que le changement doit venir de notre rapport à notre alimentation : manger des quantités plus raisonnables et privilégier le végétal sont la clé pour parvenir à l’autonomie alimentaire, surtout si on ne dispose pas d’un grand terrain.

Manger local, manger végétal

Ainsi, l’autonomie alimentaire présente de nombreux avantages écologiques, économiques, et sociaux. En effet, elle permet comme on l’a vu de pouvoir faire face plus facilement à une crise mondiale telle que celle de la Covid19. De plus, elle entraîne une limitation des gaz à effets de serre liés au transport de marchandises et valorise le circuit court bénéficiant à l’économie locale. Enfin, elle est portée par le végétarisme qui sous-entend une prise de conscience nécessaire à cette transition ! 

 

Sources : 

Par Fanny Lepage.

L’opinion exprimée dans le cadre de cet article, est celle de son auteur et ne reflète pas nécessairement l’opinion de l’Association végétarienne de Montréal.