Percée du Parti animaliste et de la cause animale aux élections européennes en France

Percée du Parti animaliste et de la cause animale aux élections européennes en France

Les élections européennes se sont tenues en France le dimanche 26 mai dernier et malgré une couverture médiatique très faible, le Parti animaliste a créé la surprise et déjoué les pronostics en obtenant 2,2 % des voix soit le vote de plus de 500 000 Françaises et Français.

Ce parti fondé en 2016 a ainsi doublé le score qu’il avait réalisé il y a deux ans à peine lors d’élections au niveau national, réalisant même une meilleure performance que des listes menées par des personnalités politiques bien plus médiatisées.

Une campagne difficile pour le parti animaliste

Cette progression est d’autant plus remarquable que la campagne électorale a été difficile sur différents aspects :

  • Le financement
    Le Parti animaliste peut normalement prétendre à un financement public de 90 000 euros par an (environ 135 000 CAD), mais la liste ne respectant la parité, 30 000 euros (environ 45 000 CAD) lui ont été retiré. Le Parti comptait trop de femmes pour le représenter.
  • Temps d’antenne quasiment inexistant
    En tant que petit parti crédité de peu d’intentions de vote, les animalistes ont également eu un temps d’antenne très réduit. Du 15 avril au 19 mai par exemple, le Parti animaliste n’a disposé que de 10 secondes de temps de parole contre 20 heures et 43 secondes pour la liste du parti présidentiel. Heureusement, la formation politique a pu compter sur plusieurs soutiens célèbres qui ont notamment signé une tribune afin d’appeler les Français et les Françaises à voter animaliste, ainsi que sur une médiatisation en ligne de la part des associations sensibles à la cause telles que L214 ou l’Association végétarienne de France.
  • Irrégularités dans le système de vote
    Le Parti a assurément pâti du manque de bulletins dans les bureaux de vote. De nombreux signalements ont été émis pour mentionner le fait que les bulletins de vote du Parti animaliste n’ont soit pas été livrés dans les mairies, soit pas proposés dans les bureaux de vote ce qui constitue un grave dysfonctionnement en vertu duquel le Parti entend saisir le Conseil d’état français. Rien que dans les environs de Montpellier par exemple, seules 21 communes sur 343 ont reçu les bulletins du parti.

148 mesures concrètes proposées pour l’Europe

Le Parti animaliste avait rédigé un total de 148 mesures dont l’instauration d’un « commissariat européen à la protection animale », la reconnaissance d’un statut moral et juridique aux animaux, la vidéosurveillance systématique dans les abattoirs et les laboratoires, la végétalisation de l’alimentation, l’arrêt des subventions des activités portant atteinte aux animaux comme la corrida ou l’abattage sans étourdissement,

Préoccupations éthiques et environnementales

L’éthique a constitué une des principales motivations des électeurs et électrices du Parti animaliste. Il est important de souligner ici notamment le travail de l’association L214 qui réussit depuis plusieurs années maintenant à diffuser des enquêtes vidéos sur les conditions d’élevage et d’abattage des animaux de grands médias à heures de grande écoute.

Les cirques avec animaux, la corrida, la chasse à courre et les parcs aquatiques sont également des raisons qui ont poussé plusieurs électeurs et électrices à mettre un bulletin animaliste dans l’urne.

Enfin, le dérèglement climatique et les impacts des produits animaux sur l’environnement sont une autre des préoccupations des électeurs et électrices du Parti animaliste.

Enracinement de la cause animale au niveau européen

Les associations de France font un travail extraordinaire pour faire avancer la cause animale et sensibiliser un nombre croissant de personnes. De toute évidence, la cause en est désormais rendue à franchir le pas de la politique pour tenter d’influer sur les lois.

Il est particulièrement intéressant de noter ici que, selon l’institut IFOP,  89 % des Français jugent la cause animale importante, 67 % considèrent que les animaux sont mal défendus par les politiques, 65 % n’ont pas confiance dans le gouvernement pour faire face aux lobbies et 38 % déclarent que les propositions en faveur de la protection animale les inciteraient à voter pour un candidat.

Malgré le bon score réalisé, le Parti animaliste français n’a pas obtenu de siège au parlement européen. En effet, la France a fixé un seuil de 5 % des votes pour pouvoir prétendre accéder à cette instance démocratique. Cependant, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Portugal enverront chacun un député ou une députée qui porteront au niveau européen la voix de ceux qui n’en ont pas.

Il y a donc espoir, d’autant plus que le parti Europe Écologie les Verts qui s’engage chaque fois un peu plus en faveur de la cause animale a remporté la 3e place du scrutin en France, obtenant ainsi 12 sièges au parlement européen.

Écrit par Florence Scanvic

L’opinion exprimée dans le cadre de cet article, est celle de son auteur et ne reflète pas nécessairement l’opinion de l’Association végétarienne de Montréal. 

Sources
  1. Sondage IFOP de 2019 pour le Collectif AnimalPolitique
  2. Sondage IFOP de 2018 pour 30 Millions d’Amis
  3. Sondage IFOP de 2019 pour le Collectif AnimalPolitique
  4. Sondage IFOP de 2019 pour le Collectif AnimalPolitique