Entrevue avec MJ Guertin, cheffe de The Vegangels et participante au Tofu d’or 2019

 

MJ Guertin est la cheffe charismatique de The Vegangels, un service de prêt à manger montréalais populaire pour ses sushis et ses raviolis. Elle participera à l’anti-compétition culinaire du Tofu d’or le 25 avril prochain et se présente dans cette entrevue-minute.

Cheffe autodidacte, le parcours culinaire de MJ a commencé avec l’ouverture de son premier resto – Sata Sushi – au coeur d’Hochelaga-Maisonneuve. Suivant le succès de son offre végétale chez Sata et étant végane depuis près de 10 ans,  sa prochaine mission est de rallier les palais les plus récalcitrants autour d’une cuisine végétalienne goûteuse, raffinée, mais pas grano.

Fin 2018, elle a lancé ses plats prêts à manger Vegangels distribués dans plusieurs épiceries montréalaises. Elle voit encore plus grand pour le printemps 2019 avec une toute nouvelle adresse 100 % végane dans le Mile-End.

 

Depuis quand es-tu cheffe?

J’ai appris dans la cuisine de mon premier resto, Sata Sushi, qui a vu le jour en 2005. J’y ai découvert une passion qui persiste toujours! Aux côtés de nos sushi-chefs expérimentés, avec volonté, persévérance et quelques coups d’œil à gauche et à droite ; j’ai aiguisé mes habiletés et ma technique au fil des ans.

 

Quand et comment as-tu eu le déclic de cuisiner 100 % végétal?

Je suis végane depuis 2009. Je conduisais ma moto sur l’autoroute, puis j’ai croisé un camion rempli de cochons destinés à l’abattoir. Je m’en souviendrai toujours. J’ai osé soutenir leurs regards, puis j’ai vu dans leurs yeux la peur et le désespoir. Le même regard qu’un chien maltraité… C’était comme dans un film, avec des ralentis. Une tristesse intense a envahi mon corps. Honnêtement, j’ai failli me planter. Je suis rentrée chez moi, je me suis assise devant mon ordi et c’est là que j’ai regardé plein de vidéos et lu des articles sur la condition des animaux exploités pour la consommation humaine, etc. Ouch! Je ne m’étais jamais questionnée sur le sujet avant ça. J’aurais aimé avoir le déclic plus tôt. J’étais de ceux qui trouvaient que les végés avaient le teint verdâtre et qu’ils étaient « weird » : gros stéréotype! On est, en majorité, élevés de sorte que la nourriture est « objectisée ». Et de génération en génération, la « coutume » se transmet sans questionnement; donc l’habitude et la normalité s’imposent. Et loin des yeux, loin du cœur…

La vie va à cent mille à l’heure, on est souvent déjà trop préoccupés par notre propre personne, notre travail, famille… Une habitude bien ancrée depuis l’enfance, c’est comme vouloir casser du béton avec un bâton de popsicle. Il faut donc mieux nous éduquer dès le jeune âge et après faire un choix juste et cohérent, c’est important de se questionner, de s’informer, et ce, sur tous les aspects de la vie.

J’ai habité à Los Angeles pendant environ deux ans et à mon retour nous avons rajouté un menu végétalien au Sata. Les options véganes à L.A m’ont complètement éblouie! Je suis revenue à Montréal transformée, la tête pleine de projets et faisant toujours la navette Montréal-L.A pour cueillir mes inspirations. Cette ville avant-gardiste est un paradis pour les véganes.

C’était quand même assez underground être végane au Québec en 2009.
Je remercie d’ailleurs Aux Vivres, Chu Chaï et Paradis végétarien d’avoir été pionniers. Dans mes premières années, je pense bien y être allée minimum trois fois par semaine.

 

Pourquoi souhaites-tu participer au Tofu d’or?

Parce que j’ai envie de partager ma passion pour la bonne bouffe végane et casser un peu le moule « trop grano ». Pour moi c’est important de m’impliquer pour tout ce qui peut aider la cause végane et, en plus, un pourcentage des bénéfices aidera deux organismes qui se dévouent pour sauver des animaux. Aussi, j’ouvre un resto 100 % végane cet été dans le Mile-End, donc j’ai envie de vous faire goûter un des plats qui y sera servi et aussi un de chez Sata !

 

Peux-tu nous partager une citation qui te représente bien?

Je vais changer la question pour celle qui m’a le plus marquée, que je me suis fait tatouer et que je m’efforce de toujours appliquer : « je pense donc je suis » . L’importance du contrôle de notre pensée…

 

Si tu étais un plat de tofu, lequel serais-tu?

Je ne sais pas trop, mais moi je trippe sur les croquettes de tofu, alors ce sera ça!